lundi 3 janvier 2011

ROLAND SUVELOR NOUS A QUITTE



Adieu l'ami!

J'avais prévu de te rendre visite ce dimanche 2 janvier 2011 en ta chambre de l'hôpital où il y a quelques jours Henry mon frère et comme moi ton ami de longue date, nous avions réussi à te faire sourire au récit de Zinga livre que Henry vient tout juste de publier .

Bien sur je savais que tu avais hâte que tout cela finisse. Nous en avions discuté. Tu estimais que ton temps était venu et que en quelque sorte ta maladie te donnait la chance de partir en conservant toute ta lucidité.

Mais et nous, tu nous laisse tel des "nains portés sur les épaules de géants" !
Qu'il est dur de perdre en si peu de temps, ses "poteaux mitan".


Aurais je su lire dans les nuages, en me levant très tôt ce premier jour de beau temps, que j'aurais pensé il y avait un bien étrange ciel. J'étais loin de penser que ce pouvait être un grand humaniste qui nous quittait.

Mais je ne peux m'empêcher de sourire en pensant qu'à ce spectacle tu aurais plutôt dit : "les rats quittent le navire !"

On se serait mis à rire comme on riait en pensant à cette phrase de Bernard Shaw : "la mort est un affreux manque de savoir vivre !"

Te souviens tu des paris que nous faisions et de ce paradoxe dont nous parlions : "je peux faire un calcul de probabilité du jour et de l'heure de ma mort, mais je ne saurais jamais si j'avais raison".

Et bien moi je peux te le dire. Tu est parti , en ce dimanche 2 janvier 2011 vers midi, et que né le 16 novembre 1922, tu étais depuis deux mois dans ta 89 année.

IL Y A UN AN

Il y a pratiquement un an jour pour jour nous étions trois à déjeuner dans un restaurant de Didier que tu affectionnais, et nous aussi.

Il y avait là toi Roland, Edouard De Lepine et moi même. Nous devisions comme au bon vieux temps.




En quelque sorte, "Le bon , la brute et le truand !"


Pour un expert en cinéma, c'est normal.

La discussion allait bon train.







Cela tend à prouver que la tête marche mieux lorsque l'on a pris un excellent vin de Bordeaux.

C'est exactement ce que me disait ma Tante, morte à 103 ans.


Elle nous avait accompagnée à pied au restaurant à plus de 102 ans, juste après son cours d'ordinateur et de photos numériques avec ma fille.

Mais peut être est ce le fait d'être trois qui anime les conversations la preuve avec trois de tes amis que tu reconnais, toi l'adepte du noir et blanc. Il y a bien sur Edouard, mais aussi ma mère Ady que tu as connu sur les bancs du cours de Césaire en 1941, et mon père que tu n'as connu plus tard.


Tu te souviens des discussions avec Papa et Maman à propos des cours de Césaire que vous suiviez Ady et toi. Tu avais 19 ans, Ady 17 et Papa 27 ans.

Il y avait à l' Etat Major durant la guerre trois officiers polytechniciens, métropolitains passionnés de poésie et de littérature et qui avait envoyés leurs femmes suivre les cours de Césaire, dont ils discutaient les notes avec passion. L'un était mon père un des deux autres le père de l' écrivain Daniel Pennac. Ils lisaient aussi la revue Tropique acheté à Fort de France à peu près dans les mêmes conditions que celles qu'avait rencontré Breton, le grand poète, père du Surréalisme. La Martinique était encore une colonie, et pourtant le poète Césaire avait déjà conquis des coeurs bien au delà du cercle de la seule négritude.

Le temps passe !


En avril 2009, tu avais pas pu te joindre à nous lors du méchoui de bouc émissaire que j'avais organisé pour fêter la fin de 17 ans de procédure judiciaire clôturée par un non lieu.

Ady y était, ici en grande discussion avec Dominique T. une de tes amies Roland. Elle a son logement à l'emplacement exact de l'une des batteries d'artillerie commandées par mon Père lors du basculement de la Martinique dans le camps des alliés. Raconté par Euzam Palcy, pour laquelle le cinéphile que tu était avait un petit faible.


Mais qui n'avait pas un faible pour toi ?



Et de cette rencontre en 2005 chez Ady, t'en souviens tu Roland ?



Ady avait accepté d'organiser un repas, pour que ses invités dont certains rêvaient de faire ta connaissance puissent te rencontrer. Tu passionnais ton auditoire. Je suis certain que jean s'en souvient.

Toi tu as du te souvenir de ce colloque de 2002.
Je m'en souviens comme s'en souviennent René Achéen, jean Claude William, Lyne Rose Beuze et bien d'autres.


Nous avions voulu faire de cette soirée une sorte de médaille au grand intellectuel que tu étais, pour remplacer cette Légion d'Honneur que tu avais refusé de solliciter pour toi, alors que tu n'avais pas hésité à proposer que l'on nomme mon Père Officier de la Légion d'Honneur, ce qui vu alors son état de santé fut assez compliqué.



Belle fête en vérité qui avait reçu le soutien d'un très large cercle d'amitiés, dont certains sont restés volontairement discrets.




Comme tu le savais Roland, Ady avait une grande amitié et un grand respect pour toi. Elle admirait à la fois ton érudition, (elle avait pourtant ce qu'il faut chez elle avec Jacques), mais aussi et surtout les manifestations de cette humanisme qui te caractérise si bien. Et nous ses fils, nous avons eu cette amitié en cadeau.



Nous l'avons cultivé dans notre "librairie".




ADY s'en est allée elle aussi il y a un mois.

Nous souhaitons mes frères et moi, adresser nos sincères condoléances à ton fils à tes soeurs, tes neveux et nièces.


Dans un autre message nous parlerons du message que toute ta vie tu t'es efforcé de faire passer dans notre petit pays la Martinique et au delà, mais aussi de tout ce que nous avons échangé et ce que nous avons fait ensemble durant près de 40 ans.